Review : Black is King, la collab Queen B x Disney+

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« Black is King » est enfin sorti. La production Disney+, estampillée Beyoncé, est disponible dès aujourd’hui, le 31 juillet. Nous avions déjà écrit un petit quelque chose par rapport au trailer, il y a quelques semaines. Notamment pour essayer de se rendre compte de ce qu’impliquait le projet, des attentes, ainsi que de sa réception. Pour resituer, la bande-annonce était sortie dans un moment de grande tension, à la suite de la mort de George Floyd. Le titre du film avait fait polémique. Le cast aussi. Et la plateforme de la souris aux grandes oreilles s’est fait tirer dessus par les gens ayant imaginé que le film traitait d’un grand remplacement. Grand n’importe quoi. Voilà voilà.
Sauf que maintenant, le film est là ! Et que l’on peut donc se faire une véritable idée.
Beyoncé, rappelons-le, décrivait l’œuvre comme étant un hommage à la culture afro, mais plus précisément celle du continent mère. Un conte visant à faire remonter l’image d’une terre à la culture forte, sur fond du Roi Lion.

Le film correspond-il cependant à la vision que Queen B en avait ? Très bonne question.

Sur le plan artistique, c’est un franc succès. La qualité d’image est incroyable. On en prend plein les yeux du début à la fin. Une heure vingt-cinq en tout. Des plans léchés. Une explosion de couleurs. Une myriade de tenues à connotation africaine. Bey est aussi spécialiste du clip propre, et cette expertise se ressent en continu. Le showmanship est omniprésent, au travers de plusieurs chorégraphies pertinentes.
Si l’une des polémiques concernait aussi le manque d’investissement de l’ex enfant de la destinée sur le continent africain, le casting est là pour faire taire la critique.

Si les artistes sont une représentation du titre, la partie producteur exécutif n’est pas en reste, composée en majorité d’afros descendants. Avec, bien sûr, madame Knowles-Carter, Steve Pamon et Janet Rollé. Un trois sur cinq rafraîchissant.

Narrativement parlant, c’est sur des extraits sonores du Roi Lion (la live version) que défilent les images en corrélation avec ce qu’il se dit. Un parallèle est d’ailleurs aisément faisable entre le jeune garçon que l’on suit et Simba. Le long métrage étant une alternance entre musiques afros et interludes audio, on comprend donc l’idée de l’inspiration venue du plus grand dessin animé Disney (ceux qui s’offusquent en pensant à la Reine des neiges, je ne peux rien pour vous).

Quand tu sais que le travail est bien fait

Maintenant, l’une des grandes interrogations était de savoir à qui s’adressait le film. Et on y trouve la réponse. Bien qu’il puisse parler à tout le monde, il est clairement adressé, en premier lieu, aux Afro-Américains.
Je m’explique. À plusieurs reprises, des éléments font référence aux afros descendants ayant perdu trace de leur passé. L’ignorance de la langue de son pays d’origine se pose comme une problématique dans le fait de se forger une identité « complète ». Tout comme une question accusatrice à destination de l’Oncle Sam. Il est vrai que pour beaucoup de noirs américains, les origines restent un mystère. La faute à l’esclavage, au renommage. Il n’est d’ailleurs secret pour personne que l’attachement au drapeau américain est plus fort que celui envers le continent africain.
Pourtant la chanteuse prône un retour aux sources. Le film étant, plus qu’un voyage initiatique, un retour aux origines. De la même manière que Simba, arraché très jeune à sa terre natale, finit par en reprendre le chemin. Le son « Find your way back » est d’ailleurs sans équivoque. C’est aussi l’idée d’un voyage spirituel. L’idée métaphorique d’un retour à un état antérieur. Un état dans lequel le peuple noir valait autant que les autres. Un état dans lequel le peuple noir était fier et beau. Don’t get me wrong, le peuple noir est toujours beau, comme chaque peuple à sa façon d’ailleurs. Mais sa fierté a été beaucoup trop longtemps soumise à la violence. À la brutalité. On peut y voir de manière poétique, une beauté malmenée, mais jamais brisée.

Musicalement parlant, le projet est aux petits oignons. Une farandole d’artistes africains participe à la bande-son. Mais pas que. Si l’on peut entendre Yemi Alade, Oumou Sangaré ou encore Burna Boy, et bien Kendrick Lamar, et Childish Gambino sont de la partie, par exemple. Sans oublier Mosieur Carter, faisant étalage de son talent en kickant sur MOOD 4 EVA. Le film est un concentré de rythmiques afros. Et donc un petit bijou pour les adeptes de cette famille musicale. Un petit bijou pour tout le monde, si vous voulez mon avis.

On ne peut s’empêcher de remarquer que l’œuvre est aussi une affaire de famille. Beyoncé, en plus de faire participer son mari, n’hésite pas intégrer leur fille Blue Ivy, tout comme Kelly Rowland, l’une de ses anciennes camarades de campagne. Mais le film se termine aussi par une dédicace. Dédicace au tout jeune Sir Carter (fiston, papa et maman veulent que tu embrasses ta négritude. Le message est clair).

Blue Ivy

« Black is King » est ode à l’amour, ode à l’amour noir, ode à l’acceptation de chacun, ode au féminisme. Il serait dommage de s’en priver pour quelque raison que ce soit. L’expérience est une claque audiovisuelle à tous les niveaux que l’on ne peut que vous recommander. Mettez donc les préjugés de côté et faites-vous plaisir, parce que pour nous, ça a été le cas !


PS : Le struggle is reel ! Il n’y a jamais eu plus dur choix d’illustration tant c’est quali. Je vous en remets pour la route !

Black is king…

Ah, et pour vous éviter de chercher ! C’est cadeau !

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Jérémy Musoki