Pourquoi le R&B n’est plus ce que c’était ?

Art

L’un de mes plus gros regrets est de ne plus pouvoir fermer les yeux aussi intensément qu’avant lorsque j’écoute un morceau R&B.

Nous sommes tous d’accord, il n’y a rien de plus émouvant que les vibes qui intervenaient dans les anciens morceaux de ce style tant basé sur nos émotions et nos rêves. Bien loin des soirées assises au bord de notre lit à écouter Skyrock ou Ado, le R&B manque aujourd’hui d’émotions.

It’s amazing how you knock me off my feet, hmm

Everytime you come around me I get weak, oh yeah

Nobody ever made me feel this way, oh

You kiss my lips and then you take my breath away”

Ces paroles qui résonnent si fortement dans ma tête me comblent d’émotions, emprunte de nostalgie et parfois navrantes. L’écho qui retentit lorsqu’on cite des noms tels que : Usher, Blackstreet, Joe, Boyz II Men ou encore hum hum *tousse* R…. Les sentiments décrits précédemment nous envahissent obligatoirement.

RACE MUSIC

Créé à une époque où le racisme fait encore partie des mœurs, le Rythm And Blues voit son genre naître dans les années 40. Issu d’un mélange entre le blues et le gospel, il a pour objectif, au départ, de briser les barrières sociales par le chant et des mélodies attendrissantes. C’est d’abord sous le nom de « Race Music » (musique de noirs), une musique métissée d’un tempo assez rythmé « Rythm » et des sonorités sacro-saintes pour le « Blues », qu’il apparaît.

On peut citer Louis Jordan et son live band Tympany Fives, en tant que fondateur de ce genre. D’après un livre de Billboard qui cite les Hall Of Fame du Blues, celui qui partage le même nom que le célèbre basketteur a été n° 1 du classement Billboard 18 fois, et y a passé 113 semaines au top du R&B Chart.

Pourquoi le R&B n’est plus ce que c’était ?- Louis Jordan and his Tympany Five cover

NEW JACK SWING: TEDDY RILEY

De longues années après la fondation du R&B, nous faisons un grand pont entre la race music et le new jack swing. Étant passé par le funk, la pop (on pense tous à la même personne bien sûr *Chamona hiiihiiii*), le Rythm and Blues retrouve de nouvelles couleurs. Ayant connu de grands groupes tels que The Isley Brothers, Rufus & Chaka Khan, Bootsy Collins, The Debarge, The New Edition et son artiste superstar Bobby Brown doublement endeuillé dans la perte de sa femme ainsi que sa fille. Ce dernier sera accompagné du fondateur de ce nouveau genre musical Teddy Riley, qui lui redonnera un second souffle. Méconnu du grand public en France, Teddy Riley est une pièce majeure de ce que l’on appelle le R&B.

Le New Jack Swing est le résultat d’un mélange entre hip-hop, funk et les bases du R&B. Ce nom lui est attribué grâce au journaliste de Village Voice et scénariste du film culte « New Jack City » Barry Michael Cooper dans un article de 1987. Le genre est porté par des artistes iconiques tels que le King of Pop, franchise player des Jackson 5 : Michael Jackson et son album Dangerous, sa cadette Janet Jackson, les Boyz II Men et bien sûr les deux groupes de Teddy Riley, Guy et Blackstreet.

Pourquoi le R&B n’est plus ce que c’était ? - Le groupe Guy

R’n’B/R&B

La chemise ouverte, chantant sous la pluie, l’un des plus gros clichés du genre représentait l’un des fantasmes les plus assumés par le public féminin de l’époque. Elles qui attendaient (ou attendent encore parfois d’ailleurs), paisiblement le prince charmant, rêvant qu’un bel étalon puisse pousser sa voix en bas de la fenêtre (ahhh Disney quand tu nous tiens !). Cette image se construit principalement autour de celui qui est aujourd’hui détenu pour enlèvement et exploitation sexuelle de mineures. Il est d’ailleurs plus facile de prononcer le nom de Voldemort que le sien sous peine d’invoquer le courroux du monde entier. Rob crée plusieurs personnages autour de son nom.

Le street/attaché à la rue : « To The Homies That We Lost »/ » R&B Thug »

Le très chaud : « Sex Me »/ » Honey Love »

Le romantique : « A Woman Threat »… Il peut facilement parler de la rue de Chicago tout en chantant, comme faire un théâtre musical avec « Trapped In The Closet » ou encore freestyler en chantant accompagné de Tyrese. Versatility is key.

L’un des princes du R&B qui a suivi le New Jack Swing, n’est autre Usher (*echo* Usha Usha Usha) et son album « Confessions », symbole de l’excellence et l’impact qu’a le R&B dans les débuts des années 2000 (qui a dit « manque d’objectivité ? »). Ce nouveau R&B est plein de de confidences, d’émotions, de douleurs, mais avec un côté beaucoup plus urbains que les beaux nœuds papillon des Boyz II Men. La cassure se fera à l’arrivée de Breezy, celui que l’on considérera comme le nouveau Michael Jackson, son héritier. Qu’on le veuille ou non, dans sa sonorité on sent la touch Kell’s.

R&POP

Mais comme pour tout, le vent finit par tourner. Le genre, qui sort de ses plus belles heures, découvre une période sombre. Les têtes d’affiche, se tournent vers la Pop afin de toucher un public plus… mainstream. Ne-Yo, Chris Brown et j’en passe, se rapprochent des DJs tels que David Guetta ou autres, délaissant le genre musical les ayant lié à leurs fanbases. Les « On The Floorerie », comme dirait Steevy de Musicfeelings, font la fracture. Le détachement entre les artistes-là et leurs fans est visible.

Pourquoi le R&B n’est plus ce que c’était ? - Ne-Yo

L’ARRIVÉE DE LA TRAP

La polémique Chris Brown a comme jouée un tournant pour les chanteurs R&B. Bien qu’il ait réussi à plus ou moins garder une image de loveur, Breezy a perdu pas mal d’acheteurs(euses). Quand bien même il a su aligner de nombreux singles et hits, Chris Brown, a mélangé cette image de lover à un côté bad boy. Il enchaîne les bagarres pendant un moment (Frank Ocean, Drake etc…). Facilitant sa transition vers le rap (Album Fan Of Fan avec Tyga notamment). L’ex de Rihanna, n’est pas le seul à avoir joué un rôle sur la tournure du R&B.

On peut évidemment mentionner l’arrivée de la Trap. En provenance d’Atlanta et non Chicago n’en déplaise Chitown. Poussé par la légende vivante T.I, l’ayant fusionné au R&B, la Trap est un style musical, venant du Dirty South, qui a émergé au début des années 2000. Il est caractérisé par la forte utilisation du kick et d’une 808.

Connu pour son album, résultat de sa dépression, Bryson Tiller a su mixer ce mélange de style pour s’imposer en tant que tête d’affiche. Son album phare « TrapSoul » s’est vendu à plus de 2 millions d’exemplaires en seulement 2 ans. Difficile de ne pas citer Tory Lanez, ayant lui aussi su s’imposer sur la scène mondiale grâce à ce domaine.

Cela sonne aussi le retour d’anciens tels qu’Usher & consorts qui ont eux aussi essayé de suivre la tendance. On pense au titre « No Limit » qui résume bien ce qui vient d’être dit, pourtant bien loin, mais paradoxalement très proche de ce à quoi il nous avait habitué.

Pourquoi le R&B n’est plus ce que c’était ? - TrapSoul Cover

C’est peut-être d’ailleurs dû à cette évolution musicale, que nous nous sommes éloignés du R&B qui nous faisait tant frissonner. Ce style cher à beaucoup, qui nous caractérise tant, nous, qui souhaitons pouvoir chanter à tue-tête.

Cependant, il revient de plus en plus vers sa période du début des années 2000. Par le biais d’artistes tels que Summer Walker ou H.E.R souhaitant revenir à des sonorités et émotions beaucoup plus anciennes et soul que le R&B actuel. Petit à petit, on voit de plus en plus, les artistes R&B revenir dans le sentimental. Dans le beaucoup plus tendre. Ce que nous apprécions bien évidemment (impartial ?). On peut citer des artistes tels que Snoh Aalegra, Kehlani ou encore Teyana Taylor.

En espérant que ce retour aux sources puisse perdurer et remettre du baume à nos cœurs en manque de love chanté sous des trombes de pluie, débardeurs et durags de sorties !

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