« Cursed : La rebelle », le faux fail de Netflix

Média

À l’heure où je vous écris tout ça, des sites de review placent Cursed : La rebelle au dessus de GOT et The Witcher. Mais j’avoue, c’est de la provoc ! Du moins, en partie.

Cursed : La rebelle, l'amour sans barrière

L’été 2020 est, en grande surprise, l’été des nouvelles sorties. Sur toutes les plateformes, de nouvelles saisons, de nouveaux films, ainsi que de nouvelles séries. Occasion de se pencher sur le tout récent TV Show Cursed : La rebelle, de Netflix, sorti ce 17 juillet.
Je vous vois déjà venir avec vos gros sabots : « C’est nul, c’est pour les enfants ».
Alors oui et non. Oui, c’est une série que l’on pourrait classer comme Teen. Mais non, ce n’est pas nul, bien au contraire. Je ne pousserai pas en disant que la série relève du génie, mais j’aurais pu.
Que tout le monde se calme, je m’explique !

Merlin, Arthur, Excalibur, on connaît
L’industrie du divertissement s’est attaquée un nombre incalculable de fois au mythe du roi Arthur. À tel point, que chaque nouvelle œuvre n’est qu’un nouvel échec à ajouter à une longue liste (il en va de même pour Robin des bois, d’ailleurs). Autant dire que dans un exercice déjà rendu difficile par la quantité de tentatives infructueuses, Netflix aurait pu ne pas déroger à cette règle. Et pourtant, c’est avec malice que la série sort de ce carcan. Avant toute chose, cette première saison n’est pas le vif du sujet. C’est un prologue. Il est important de mettre cette information en avant. Prélude dans lequel nous suivons Nimue, la dame du Lac dans son adolescence. Ceci n’est pas un spoil, à moins que vous ayez attendu 2020 pour en apprendre plus sur le roi Arthur. C’est le récit d’une personne persécutée refusant d’accepter son sort.
Sur le plan narratif, je n’en disconviens pas. La série commence de manière plan plan. C’est ado, c’est niais. C’est la présentation des personnages principaux. Le premier coup de génie est là. On vous présente quasiment tous les personnages de l’une des histoires les plus connues au monde, mais sans que vous le sachiez.

Un casting-bait !
L’une des recettes du succès d’une série réussie, sans être 100 % du temps efficace (qu’on se le dise), est le casting. Cursed, mise sur des têtes déjà connues pour peupler l’univers autour du gros nom de Gustaf Skarsgård (Vikings, Westworld), dans le rôle d’un Merlin alcoolique et désabusé. Nimue est jouée par Katherine Langford (13 reasons why), Arthur par Devon Terrell (Barry – et ouais from Barack Obama to le roi Arthur, on est pas mal), ou encore Shalom Brune-Franklin (Bad Mothers, Our girl) dans le rôle de Morgana. Du côté des antagonistes, on a le droit à un Peter Mullan (Ozark) détestable en tant que père Carden, ainsi qu’à Daniel Sharman (les fans de Teen wolf et The Originals, on vous voit) campant le rôle du Weeping Monk (plus stylé en anglais que « le moine en pleurs »), il faudra d’ailleurs attendre la toute fin pour connaître sa véritable identité, tout sourire face à ce dernier coup de génie. Hands down à Emily Coates pour la sœur Iris, un personnage très bien tenu, face à la notoriété des « têtes d’affiche ».
Globalement, on peut dire que le casting est très correct. Surtout pour jouer des ados paumés, en quête du grand but de leur vie.

De The Originals à Cursed : La rebelle
Le moine aux larmichouilles ou le personnage le plus swag de la série

Une montée en puissance
Alors que beaucoup ont lâché très vite, à cause de ce setup lent, je ne peux que vous encourager à aller jusqu’au bout. Car une fois les choses en place, l’histoire de Cursed : La rebelle ne fait que dérouler, et à un très bon rythme. Chaque personnage évolue, probablement pour prendre position dans les bottes des illustres noms qu’ils sont voués à devenir. Le côté série jeune est très vite mis de côté. Du sang, des têtes coupées, des vikings. Un cocktail savoureux ayant fait le succès de plusieurs séries dont nous tairons le nom. C’est d’ailleurs audacieux et très smart de ne pas avoir mis Gustaf dans l’un des rôles des nordiques et d’en plus lui avoir demandé une performance différente de celle de Floki. Le malheureux Warcraft de 2016 avait subi la comparaison entre Lothar et Ragnar Lothbrok, tant le jeu de Travis Fimmel était identique.

Des sujets très bien traités
Il est de notoriété publique que le christianisme extrémiste d’un passé non si lointain a été véritablement meurtrier. Au nom de la foi, un barbarisme a été perpétré à travers les époques, et Cursed n’hésite pas à montrer cette image peu flatteuse. Pas d’inégalités entre humains cependant. Mais le choix d’établir un parallèle impliquant une haine envers les créatures magiques, les Faë, pour féériques. Le père Carden étant le fer-de-lance de cette croisade ignoble, appuyé par l’église de Rome. La violence des traitements infligés aux femmes est aussi présente, bien que moins mise en avant. C’est d’ailleurs l’un des points qui peuvent alerter sur le caractère profond et sombre de la série. L’église, paradoxalement, fait figure de groupuscule malsain et mauvais dans bon nombre d’œuvres sur les époques passées, comme pour dire que la religion n’est pas un problème, mais plutôt l’extrémisme.
Sur un autre point, la série fait la part belle aux femmes, avec un florilège de personnages féminins décidé à prouver de belles choses. Une belle liberté prise en adéquation avec la réécriture de cette histoire intemporelle.

Cursed : La rebelle, c'est quand même sombre
Spoiler ici

Attention spoiler :
Côté narratif, je tiens particulièrement à saluer deux passages. Le premier étant l’introduction de la série. Nimue décidant de ce qu’elle allait nous raconter, commençant par le feu et finissant par l’eau. Clin d’œil à son funeste destin, mais pied de nez au fait que les sorcières étaient brûlées vives.
Mais surtout un échange prophétique entre Merlin et la future dame du lac dans laquelle la jeune femme lui dit manquer de temps. Le célèbre magicien l’a met en garde quant à ce qu’elle souhaitait, car cela pouvait ironiquement se réaliser. Plus tard, Morgana de son côté dit préférer voir Nimue mourir en combattant, l’épée à la main. Bien entendu, les deux demandes se réalisent. Sous le regard de son amie, épée à la main Nimue est apparemment tuée, avant de tomber dans son lac. Et on connaît l’histoire. Du temps, elle en aura.

Si vous avez arrêté Cursed : La rebelle trop tôt, j’espère vous avoir poussé à reprendre. Si vous n’aviez pas commencé, j’espère vous avoir donné envie ! Si vous avez aimé, n’hésitez pas à nous le dire ! Et ne vous en faites pas. Même au sein de The Kyuju’s, les avis sont mitigés !

Si tu partages, on t'aime fort
Jérémy aka
Le dernier WordBender, Father of Malkia et bien d'autres personnages. L'art est notre cadeau pour les générations futures.

Jérémy Musoki