L’édito The Kyu

L'édito

Paris, le 15 novembre 2020

Nouvelle journée dominicale, nouvelle fin de semaine, mais même apathie. Encore et toujours celle de 2020. Semaine en demi-teinte. Semaine de victoires, mais victoire pour qui ? En amitié, la France s’incline devant une Finlande bien plus audacieuse, avant de se reprendre et surprendre la Terra Portucallis. Lointaine nous paraît l’époque à laquelle on se réjouissait avec patriotisme de la victoire de nos bleus.

2020 est une année du blues. Un spleen tenace. Ses miasmes ont des odeurs de pauvreté, d’insécurité. À l’image de notre produit, notre patience intérieure brute est en baisse. Douze pour cent, comme les douze mois écoulés depuis l’apparition de la fin du monde tel que nous le connaissions. Le marteau du juste aurait sonné le glas de l’empire de la trumpette aux boucles d’or. Si toute la nation a eu les yeux rivés sur l’autre bout du monde. C’est une nouvelle victoire aux mêmes saveurs que les repas de ceux ayant perdu le goût et l’odorat tout au long de l’année. Joe ne sera pas le superman du monde, et on ne sait même pas s’il sera celui des États désunis d’Amérique. Ici, JeanRukku Meranchon – san poursuit son nindo. Devenir Hokage des français et étendre l’insoumission à l’ensemble du territoire. Ironique ou de mise, dans un contexte dans lequel ce même peuple qui revendique l’une des révolutions les plus iconiques de l’histoire laisse sa colère s’éteindre docilement dans les foyers. Peut-être ne sommes-nous pas encore assez pauvres. Comme dans une synchronisation désaxée, Sony sort sa PlayStation cinquième du nom. Si l’acquisition d’une console de jeu était par le passé un indicateur d’inégalité sociale, cela n’a jamais été aussi vrai que par les temps qui courent.

Cette semaine, c’est aussi la première semaine du Vendée Globe. L’opposition de l’isolement héroïque de marins et du nôtre. Alors, mettons les voiles ! Au moins, de manière créative. Cette semaine, c’était aussi la sortie d’un nouvel épisode du mandalorien ! Occasion de monter à bord d’un autre navire, accompagné d’une boule verte génocidaire et de voyager à travers les étoiles. Ce week-end, c’est aussi un bon week-end pour les fans de japanimation. Une autre forme de voyage, cette fois, au pays du soleil levant. Maigre réconfort. Mais réconfort tout de même.

Maigre parce que la logique nous a quitté. La séquestration d’un peuple est dure, mais elle devient insupportable lorsque l’accès à la culture est amputé. Le livre, symbole de la lecture, anciennement pouvoir des riches n’est plus accessible, car déconsidéré. Le livre n’est pas essentiel, contrairement au tabac et à l’alcool, contrairement au métro, contrairement à la téléréalité. Aussi, nous ne devons pas rester silencieux. L’accès à la culture, ce n’est pas uniquement Netflix et Disney plus, mais aussi la simplicité du papier et de l’encre qui le décore de ses lettres, de ses mots, de ses phrases. Si l’art est notre cadeau pour les générations futures, pourquoi en cas de crise l’art doit-il être le premier à en pâtir ?

Quoi qu’il en soit, comme le crépuscule est suivi par l’aube, une semaine qui se termine en voit une nouvelle naître. Pleine de rêves et d’espoirs.

Alors, respirons un bon coup.

Ça va aller.

The Kyu

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